Que se passe-t-il dans le monde du livre à l’étranger ?

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mai 2025

PEN America a publié son nouveau rapport Freedom to Write Index 2024. Les observations sont alarmantes : l'année dernière, un nombre record d'écrivains ont été emprisonnés partout dans le monde.


 

"Le nombre d'auteurs en prison a atteint un nouveau record dans un nombre croissant de pays, avec au moins 375 écrivains incarcérés dans 40 pays en 2024, contre 339 en 2023. La Chine, pays où la détention d'écrivains était déjà la plus élevée au monde, a enregistré une nouvelle augmentation de 11 cas, soit 118 écrivains emprisonnés au total. La majorité d'entre eux ont été incarcérés sous prétexte de 'sécurité nationale', pour avoir critiqué le gouvernement, défendu la démocratie et encouragé les langues et la culture des minorités ethniques. Les intellectuels ouïghours continuent de subir un traitement particulièrement sévère. La répression a continué d'étouffer également les écrivains en Iran, avec 13 nouvelles arrestations [...]. Les femmes ayant écrit ou milité pour lutter contre le port du hijab obligatoire ou d'autres restrictions imposées aux femmes restent particulièrement menacées et l'Iran est le pays où le plus grand nombre d'autrices sont emprisonnées. Les conflits actuels ont continué à avoir un impact négatif sur les auteurs en 2024, notamment en Israël, à Gaza ainsi qu'en Russie."


Pen America, New York, 26 avril




Au cours de la quatrième année de guerre en Ukraine, les professionnels du livre locaux se sont largement adaptés aux défis quotidiens, explique Julia Orlova, PDG des éditions Vivat dans une interview avec Publishing Perspectives. 




"Face à ce qui semble être un assaut permanent, de nombreux Ukrainiens se sont tournés vers les livres pour trouver du réconfort, ce qui a entraîné une hausse des tirages, selon Julia Orlova. [...] Bien que le nombre de nouveautés ait diminué de 18 %, le nombre de livres publiés a augmenté de 6 % pour atteindre 26 millions d’exemplaires en 2024. Les éditeurs misent sur les genres grand public et les bestsellers. Parmi les auteurs ukrainiens ayant gagné en popularité en 2024, l’éditrice cite Lyudmila Dolgonovska, auteure de The Iron General : Lessons of Humanity, l'historien Oleksandr Zinchenko, qui a publié How Ukrainians Destroyed the Evil Empire, et Maryna Starodubska, auteure de How to Understand Ukrainians : A Cross-Cultural View. Parallèlement, les lecteurs ukrainiens se tournent vers les classiques du pays et vers la littérature étrangère. Colleen Hoover est devenue la leader incontestée. Son roman Leave It If You Love Me s'est imposé comme le bestseller de l’année 2024 en Ukraine, avec un tirage de près de 75 000 exemplaires."


Publishing Perspectives, New York, 15 avril 




The Bookseller annonce le lancement d’un nouveau magazine littéraire consacré aux écrivains issus de la classe ouvrière. Soutenu par les éditions Faber, The Bee est dirigé par Richard Benson, ancien chef du magazine Face qui a révolutionné la culture des jeunes à partir des années 1980 en Grande-Bretagne.  


"L’initiative est née de A Writing Chance, un atelier d’écriture destiné aux écrivains de la classe ouvrière, cofondé par l’acteur Michael Sheen, la Fondation Joseph Rowntree et l'Université de Northumbria. Le projet comprend un site web, un podcast et un magazine littéraire publiant de la fiction et de la non-fiction. Les organisateurs mettront également en œuvre une campagne de mobilisation, en vue d'identifier de nouveaux écrivains issus de la classe ouvrière et de soutenir leur développement. 'La justice et l'équité exigent que les personnes issues des couches les moins favorisées aient la possibilité de raconter leur histoire et de la faire entendre', a déclaré M. Benson. 'C'est aussi une question de bon sens. De nombreux textes importants écrits aujourd'hui, et tant de récits aimés, proviennent de travailleurs ordinaires. Souvent, ce sont les histoires des classes populaires qui traduisent ce qui se passe réellement dans le monde.'"


The Bookseller, London, 5 mai




Les maisons italiennes misent désormais sur des séries de non-fiction, rapporte Il Giornale della Libreria - une réponse à la demande croissante de livres pour comprendre les enjeux contemporains. 




"Le lancement le plus récent est celui de la série Morsi, avec laquelle Blackie Edizioni souhaite enrichir son catalogue de courts essais pour raconter le monde contemporain et imaginer un avenir différent. Peut-être mieux, certainement plus gentil. Il y a moins d’un mois, Einaudi a également présenté une nouvelle série : Les Maverik, des essais conçus pour offrir aux lecteurs des réponses nouvelles et radicales aux grands problèmes auxquels nous sommes confrontés. Le changement climatique, l’intelligence artificielle […] mais aussi les transformations de l’imaginaire collectif et de l’inconscient. Parallèlement, les deux premiers titres d’Orwell, la nouvelle série des Edizioni Dedalo arrivent en librairie : La NATO in guerra de Fabio Mini et Le guerre che ti vendono de Sara Reginella. Le désordre international exige de nouvelles possibilités d’analyse, explique l’éditeur."


Giornale della libreria, Rome, 16 avril




Le Börsenverein a fêté son 200e anniversaire à Leipzig, lieu de sa fondation. "Cette association a toujours été politique", titre Die Welt qui revient sur l'histoire mouvementée et pas toujours glorieuse de cette institution.



"Fondé en 1825 à Leipzig, la métropole du livre qui a fait autorité en Europe centrale pendant des siècles, le Börsenverein des Deutschen Buchhandels est la plus ancienne association professionnelle d'Allemagne et même d'Europe. Sa création était motivée par le souhait de mettre en place une bourse de règlement commune (d'où le nom) afin de mieux organiser le commerce des livres dans une Confédération allemande qui comptait non moins de 41 monnaies différentes. […] Le Börsenverein est rapidement devenu une institution politique qui a contribué à façonner la vie culturelle en Allemagne. Les années 1933 à 1945 jettent une ombre hideuse sur l’édition allemande. La collaboration du Börsenverein avec les nazis fait d'autant plus mal que le secteur a présenté, dans un esprit d'obéissance anticipée, des listes d'’écrivains qui doivent être considérés comme nuisibles à la réputation allemande. L'une des leçons de cette histoire a été la création du Prix de la Paix des libraires allemands en 1950."


Die Welt, Berlin, 6 mai



Katrin BOETHLING, Katja PETROVIC